Le tribunal correctionnel de Foix a condamné, hier, un homme de 48 ans à deux ans et demi de prison pour des faits de violences sur sa compagne. Il a également écopé de 9 mois de prison supplémentaires pour lui avoir fait subir des pressions avant le jugement.
Un dossier criant d'actualité. En plein Grenelle de lutte contre les violences faites aux femmes, le tribunal correctionnel de Foix a dû juger, hier, un homme accusé d'avoir violenté sa compagne, en août dernier à Lavelanet, alors enceinte de quatre mois. Il devait également répondre de faits antécédents à cette date, sa conjointe affirmant avoir été victime de violences conjugales récurrentes depuis avril 2018.
En plus de ces violences, il lui était également reproché d'avoir insulté et menacé de mort une gendarme lors de sa garde à vue. Un dossier bien rempli, auquel il fallait ajouter des messages d'intimidation envoyés à la victime depuis la maison d'arrêt de Foix avant le jugement.
Des faits contestés
Au total, six infractions, divisées en deux dossiers distincts, ont été soumises à la décision du tribunal de Foix présidé par Hervé Barrié.
Face à eux, le prévenu a tenu un discours ambivalent, reconnaissant les faits qu'il ne pouvait contester — car avérés par la présence des gendarmes — et niant ceux sur lesquels le doute planait. «Je reconnais m'être emporté au mois d'août. Ma compagne me criait dessus depuis deux jours, j'étais agacé et j'ai avalé deux boîtes de calmants. Le reste, je ne m'en souviens plus. Ce sont les gendarmes qui me l'ont rapporté. J'étais abasourdi», s'étonne le prévenu avant d'ajouter : «jamais je n'ai frappé ma compagne, elle ment.»
Une personnalité «borderline»
Un argumentaire qui a eu du mal à convaincre le tribunal, la victime ayant fourni un certificat médical faisant état de blessures à la lèvre, sur les avant-bras, et dans la mâchoire suite à cette dispute survenue au mois d'août.
Pour Me Pauline Quintanilha, avocate de la victime, ce discours est malheureusement habituel dans les affaires de violences conjugales. «Encore une fois, c'est la faute de la femme, ici de la victime, qui provoque l'énervement et qui pousse le prévenu à agir comme il le fait», a-t-elle déploré.
De son côté, Philippe Clarissou, vice-procureur, a évoqué la personnalité «borderline» du prévenu dont le casier judiciaire fait état de 28 mentions dont une condamnation à 10 ans de réclusion criminelle pour viol et agressions sexuelles sur sa compagne de l'époque. «On retrouve le même schéma. C'est un prédateur, il s'en prend à des proies fragiles chez qui il s'impose et règne en maître, y compris par la violence, pour imposer ses moindres désirs.»
Des propos contrebalancés par Me Sylvain Rosenau, avocat du prévenu, qui a mis en exergue la volonté de son client de se réintégrer et de faire face à ses difficultés de gestion de la colère.
Le tribunal a finalement condamné le prévenu à 30 mois de prison et interdiction de se rendre en Ariège pendant trois ans pour les faits de violences et 9 mois supplémentaires pour avoir envoyé des messages de pression depuis la maison d'arrêt de Foix.
La Dépêche du Midi du 11/09/2019
Rédacteur O. O
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